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À Jacques Le Gall, héros de la France libre

 

Jacques Le Gall nous a quitté le 30 octobre de l’an dernier, quelques mois après avoir fêté ses 100 ans.

Combattant de la première heure au sein des Forces Françaises Libres dès juin 1940, Jacques Le Gall s’est attaché pendant toute sa vie à promouvoir et perpétuer les valeurs de la France Libre et à faire de ces valeurs, la boussole de la citoyenneté, notamment pour les plus jeunes générations.

La vie de Jacques Le Gall comme celle de son frère Alexis est une anthologie d’engagement et de courage.

Avec Alexis et vingt autres jeunes volontaires à peine âgés de 18 ans, Jacques Le Gall n’a écouté que l’amour qu’il portait à son pays, la France, pour tout quitter et partir vers l’inconnu.

Il venait d’entendre le maréchal Pétain déclarer aux Français, que compte tenu de la gravité de la situation, il avait pris la décision de déclarer l’armistice.

Cette déclaration fut pour Jacques Le Gall un véritable coup de massue.

C’était une capitulation, une trahison, racontera-t-il plus tard.

Il n’a pas attendu, ni entendu l’appel du général de Gaulle. Dès le 15 juin, alors que la quatrième épreuve du concours de l’école navale vient d’être annulée, sa décision est prise.

Il lui a pourtant fallu quitter sa mère qui dirigeait seule l’affaire des viviers d’Audierne, depuis le décès de son père, deux années auparavant.

Mais elle avait accepté sa décision et l’avait même encouragé.

Au crépuscule du 19 juin 1940, Jacques et Alexis avec leurs compagnons s’embarquent à Audierne à bord de l’Ar-Zénith. Puis ce sera la Vélléda pour rejoindre Ouessant et c’est sur le Monique André qu’ils accostent en Angleterre.

Jacques et Alexis rejoindront les forces Françaises Libres à Londres.

Pour Jacques, ce sera la marine, pour Alexis, qui sera grièvement blessé au cours du conflit, ce sera l’armée de terre.

Nos deux compagnons seront alors considérés comme déserteurs par le régime de Pétain et condamnés à mort par les allemands avec risque de représailles pour les familles.

Jacques deviendra au cours de la guerre le plus jeune commandant de sous-marin, le sous-marin DORIS. Il sauvera l’équipage du naufrage à la suite du mitraillage par erreur d’un avion britannique.

Après la guerre, il abandonnera sa brillante carrière militaire pour rejoindre l’entreprise familiale de crustacés.

En 1988, avec Yvonne, son épouse il s’installera à Saint Malo pour se rapprocher de ses enfants.

Il aura le bonheur de voir arriver l’Ar-Zénith, récupéré par une association malouine alors qu’il menaçait ruine dans la rivière la Penzée à Roscoff.

.Le bateau totalement restauré aujourd’hui, est le témoignage des compagnons de la France Libre.

A l’initiative de Jacques Le Gall et avec l’appui de Jacques Chirac, Président de la République, il est aujourd’hui classé monument historique.

Hasard de la vie, hasard de l’Histoire.

La réponse ne nous appartient pas mais ce concours de circonstances permettra à Jacques Le Gall de continuer sans relâche de témoigner à l’attention de tous, mais surtout des jeunes générations et de faire passer son message sur les valeurs de la France Libre.

Il était écouté et respecté.

Président de l’association des Français libres, Jacques Le Gall, voyant ses compagnons disparaitre petit à petit, et surtout animé par cette volonté de perpétuer le souvenir de la France Libre, décide de fusionner l’association France Libre avec l’association Ar-Zénith.

Elle devient ainsi en 2016, l’amicale France Libre Ar-Zénith.

Jacques Le Gall était un homme discret.

Il n’attendait ni reconnaissance, ni remerciements et rappelait souvent la phrase du général de Gaulle lorsqu’il avait reçu les compagnons de la libération après la seconde guerre mondiale : n’attendez pas de remerciements, vous n’avez fait que votre devoir.

Pour terminer, Vous me permettrez de vous livrer, en quelques mots, un témoignage plus personnel sur Jacques Le Gall à qui me liait une relation très ancienne, celle d’une amitié fidèle qui a traversé le temps. Nul n’ignore que je lui vouais une profonde affection et un infini respect.

Jacques était une personnalité rare que j’ai eu le bonheur de connaitre et de rencontrer jusqu’à la fin de sa vie. C’était un homme d’exception dont l’image est et restera pour moi, indissociable de l’épopée de l’AR-Zénith dont je m’attache, avec d’autres, à faire vivre aujourd’hui le souvenir pour les nouvelles générations.

Son comportement en 1940, comme celui de ses jeunes compagnons, fut au sens premier du terme, héroïque. Il s’est engagé dans le combat, au péril de sa vie, sans calcul, tout simplement pour défendre les valeurs qui reflétaient son idéal, celui d’un jeune et brillant capiste promis à de belles perspectives que la seconde guerre mondiale aura finalement mises entre parenthèses.

Et malgré ce passé si glorieux, ce qui m’a toujours frappé chez Jacques, c’est son extraordinaire humilité et sa grande simplicité. Il avait le sens du mot juste, mais n’en faisait jamais commerce.

L’exemple, il le donnait par son comportement, sa droiture, son autorité naturelle et discrète, et le rayonnement qui était le sien, en toutes circonstances.

Il est peu de dire, qu’il aura marqué tous ceux qui auront eu le privilège de le croiser durant sa vie, et notamment ici, à Audierne, dans le Cap-Sizun, sa terre natale.

Jacques était un homme de mission, un homme d’engagement dont les valeurs et les principes demeurent une formidable actualité. En ce jour, où on célèbre l’appel du 18 juin, s’il était encore parmi nous, je crois qu’il saurait trouver les mots justes pour nous inviter à prendre nos responsabilités. Il nous parlerait avec gravité de notre société, en manque d’harmonie et en quête de valeurs communes. Il évoquerait ce monde et cette Europe qui redécouvrent l’horreur de la guerre et du « désordre des nations ».

C’est pour cela, que Jacques était à mes yeux, un homme d’une grandeur inestimable qui nous manque terriblement aujourd’hui. Un homme d’une grande sagesse dont le souvenir et l’exemple doivent, je crois, continuer à nous inspirer.

Jean Paul COATMEUR

Président du comité SMLH de la baie d'Audierne


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Jacques le Gall était Officier de la Légion d'honneur, il portait également la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d’argent.

 

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