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Publié le 20 novembre 2021 à 06h30

À Quimper, ils apprennent à devenir Français

Publié par Sophie Benoit le 20 novembre 2021 à 06h30

RÉSERVÉ AUX ABONNÉS

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À Quimper comme à Brest, les formateurs des étrangers candidats à la naturalisation « sont des volontaires de la Société des membres de la Légion d'honneur ou des personnes bénévoles choisies pour leurscompétences », explique Éric Langlois, président de la section sud-finistérienne. (Le Télégramme/SophieBenoit)

À 20, 30, 50 ans, Imad, Sandra, Franssmann, Janice et les autres ont décidé de retourner sur les bancs de l’école, à Quimper. Pas pour décrocher un quelconque diplôme. Mais pour obtenir la nationalité française.

Tout juste 18 h, ce jeudi 18 novembre, au pôle universitaire Pierre-Jakez-Helias, à Quimper. Dans l’amphithéâtre Michel-Quesnel, quinze étudiants viennent de s’installer. Des élèves studieux. Devant eux, crayons, cahier, classeur… et un « Livret du citoyen ». Car ces hommes et femmes, venus de tout le sud-Finistère, ne sont pas des étudiants comme les autres. Vivant en France depuis longtemps, parlant déjà français, ils sont candidats à la naturalisation.

« Je sens déjà que je fais partie de la société »

Ils sont Anglais, Irakien, Vietnamien, Russe, Malgache… Ou Polonais, à l’image de Katarzyna, 35 ans. Arrivée en France il y a huit ans, la kiné a posé ses valises à Quimper quatre ans plus tard. « Je suis ici pour le travail et pour la beauté de la Bretagne. Je trouve les gens très accueillants et les paysages, magnifiques », confie-t-elle dans un français quasi parfait, qu’elle a appris au lycée.

 

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À Quimper, la formation à la nationalité française a lieu au pôle universitaire Pierre-Jakez-Helias. (Le Télégramme/Sophie Benoit)

Désireuse de « faire [sa] vie en France », elle explique : « Je sens déjà que je fais partie de la société. Mais je voudrais en faire totalement partie en devenant française ».

Franssmann, lui, veut obtenir la nationalité pour ses enfants, âgés de 9, 7 et 3 ans. Originaire de la République du Congo, le quadragénaire est passé par Paris, avant d'arriver à Quimper en 2005. Après un crochet en Normandie, sur les terres natales deson épouse, le couple est revenu en Cornouaille.

La France de A à Z

Ces candidats à la naturalisation vont tous être convoqués pour un examen à la préfecture de Région. Pour se préparer, ils ont décidé d'intégrer la formation à la nationalité française, imaginée en 2017 par Paul Tréguer, professeur émérite à l'UBO, et portée par la Société des membres de la Légion d'honneur (SMLH). Une formation gratuite d'abord proposée à Brest et qui a pris racine à Quimper l'an dernier, précise Éric Langlois, président de la section sud-finistérienne de la SMLH. Cetteannée, la session a démarré en octobre. Elle comporte dix séances, qui doivent permettre de tout connaître de la France, de sa langue, de ses valeurs, de ses institutions, de sa géographie, de sa place dans l'Europe et le monde...

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Des séances denses, à l'image de celle de jeudi. Ce soir-là, l'Histoire de France est au programme. Un cours animé en visio depuis Brest par Gisèle Pays et Arlette Roudaut. La Gaule, Clovis, Louis XIV, la Révolution, la naissance des départements, des préfectures, « La Marseillaise »,Rousseau... Des centaines de notions qu'il faut absorber en deux heures. Des notions souvent vagues pour les Français eux-mêmes mais sur lesquelles ces  candidats seront bientôt incollables.

L'assiduité récompensée

L'an dernier. 14 des candidats sud-finistériens sont devenus Français. « Il y a eu trois échecs », précise Éric Langlois, à cause d'un manque de motivation principalement.

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Les candidats sont studieux. Deux heures, à noircir du papier. (Le Télégramme/Sophie Benoit)

Une motivation qui ne semble pas faire défaut aux étudiants présents jeudi. À la fin de leur formation, un certificat d'assiduité sera délivré aux plus appliqués. Ce ne sera pas avant mars. D'ici-là, sept autres séances auront lieu. La prochaine sera consacrée aux valeurs de la République et le droit des femmes.

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Éric Langlois préside la section sud-finistérienne de la Société des membres de la Légion d'honneur.

« En France, 90 000 personnes sont décorées de la Légion d'honneur. Et 45 000 font partie de la Société des membres de la Légion d'honneur », indique d'emblée Éric Langlois, président de la section sud-finistérienne de la SMLH. Une Société créée il y a cent ans et qui se décline sur le territoire en sections. Dans le Finistère, il en existe deux : l'une, au nord; l'autre, au sud. Cette dernière, constituée de neuf comités, dont celui de Quimper. Elle compte plus de 300 membres. Les légionnaires, donc « Mais aussi des veuves, qui deviennent membres associés, et quelques amis ».

« L'objectif premier : l'entraide »

« L'objectif premier, rappelle Éric Langlois, c'était de venir en aide à nos sociétaires. L'entraide, c'est s'assurer, en ce moment, qu'ils ont bien supporté la covid. C'est aussi les aider matériellement, financièrement, s'ils sont dans le besoin ». Au fil du temps, d'autres actions ont pris forme. En dehors du soutien à la formation à la nationalité française, la SMLH contribue donc, par exemple, au « rayonnement de l'Ordre », en assistant aux cérémonies patriotiques, etc. Elle participe aussiau « renforcement du lien intergénérationnel », à travers « les interventions dans les établissements scolaires pour diffuser les valeurs de la République » ou bien « la valorisation de la formation professionnelle et de l'apprentissage ».

Éric Langlois évoque par ailleurs « le soutien aux étudiants  méritants ».