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Il y a 80 ans, presque jour pour jour, le Dark Victor, un bombardier britannique décolle du Nord Est de l'Angleterre. Le 5 août 1944, ce quadrimoteur Lancaster du 617 Squadron de la Royal Air Force, tient à son bord, cinq militaires britanniques et deux Canadiens. Les sept hommes ont déjà mené plusieurs opérations ensemble et se connaissent bien. Ils sont jeunes, la vingtaine, et ont tissé de solides liens d'amitié. Comme quatorze autres bombardiers de la même unité, le Dark Victor vise la base sous-marine allemande, de Brest. Alors qu'il survole la ville, l'avion est atteint par l'artillerie antiaérienne allemande. Deux membres d'équipage sont grièvement blessés : le navigateur Roy Welch, et le radio Reginald Pool. L'aile droite de l'avion est en feu. Les hommes sautent en parachute, les uns après les autres, sauf Reginald Pool, trop affaibli.

Les anglais1er rang, de droite à gauche, le sous-lieutenant, Roy Welch ; le lieutenant Donald Cheney ; le sergent Len Curtiss. 2e rang : le sergent Reginald Pool ; le sergent Jim Rosher ; l'officier Noel Wait ; un soldat Australien remplacé ce jour-là par, l'adjudant-chef Ken Porter et Donald Cheney

                                                                                                                     Conservatoire d'aéronautisme de Cornouaille
Peu de chance de s'en sortir

Le pilote, Donald Cheney, entre alors dans un jeu de va-et-vient. Il court entre les commandes de l'appareil et Reginald, son meilleur ami. Il l'attache au parachute et le fait sauter. Cette tentative désespérée pourrait lui coûter la vie mais Donald Cheney prend le risque. Le temps passe. Les accès de sortie ne sont désormais plus praticables. Le pilote s'extrait par le dessus de l'appareil. « Il n'avait qu'une chance sur deux de s'en sortir vivant. Il n'était pas si probable qu'il passe entre les ailerons », explique François Cadic, président du conservatoire d'aéronautisme de Cornouaille qui a mené un travail de recherche. Finalement, le pilote canadien a eu de la chance et atterri dans la baie de Douarnenez. Il y reste une heure avant d'être repêché par cinq Douarnenistes.

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                                                                                       Illustration du crash

Trois morts, quatre survivants

Le mécanicien, Jim Rosher, 21 ans, et le mitrailleur canadien, Ken Porter, 23 ans, sont pris en charge par la FFI (Force Française de l'Intérieur). Ils passeront une dizaine de jours planqués avant d'être conduit vers Rennes où ils regagneront l'Angleterre. Le bombardier, Len Curtiss, 26 ans, est fait prisonnier sur la plage de Sainte-Anne-la-Palud. Il est libéré par les Américains, le 18 septembre suivant. Roy Welch, Reginald Pool et Noel Wait, ont péri. Tous étaient âgés de 21 ans. Depuis, les trois hommes reposent au cimetière de Ploaré.

Le poid du souvenir

L'histoire n'est pas encore finie pour Donald. Il est recueilli par la famille Québriac, qui le cache des Allemands. Le 22 août, grâce au concours de la mairie qui lui a fourni une véritable fausse pièce d'identité, il quitte Douarnenez et rejoint l'Angleterre. Donald rentre ensuite auprès des siens au Canada. Il y mènera une carrière de diplomate. « Pendant 50 ans, Donald Cheney n'a pas su si le parachute de son meilleur ami, Reginald Pool, s'était déployé. « Il culpabilisait, raconte François Cadic. Quand on lui a appris, grâce à nos recherches, que Reg Pool avait été retrouvé dans la toile de son parachute, ça l'a libéré, poursuit-il. Il savait qu'il avait fait tout son possible pour sauver son ami. Son épouse nous a dit qu'il ne faisait plus de cauchemars ». Douarnenez avait accueilli le 50e anniversaire du crash du Dark Victor, en présence de l'ambassadeur du Royaume-Uni. Donald Cheney a rendu hommage à ses camarades avec qui il a mené une trentaine de missions en affirmant : « Nous étions tous comme des frères. »